[desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). ACADEMIE DE PARIS Année 2015 MEMOIRE Pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Spécialisées d’AnesthésieRéanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Benoît Plaud Méta-analyse sur l’efficacité per-opératoire de la dexmédétomidine dans la chirurgie de l’adulte. Par Alix Le Bot - Aubry Présenté et soutenu le 13 Avril 2015 Directeur du mémoire : Monsieur le Professeur Souhayl Dahmani 1 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Table des matières : 1/ Résumé 2/ Introduction 3/ Matériel et méthodes 3a/ Recherche bibliographique et analyse 3b/ Analyse statistique 4/ Résultats 5/ Discussion 6/ Annexes 7/ Bibliographie 2 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Résumé : Introduction : La dexmédétomidine est un α2-agoniste qui possède des propriétés sédatives et analgésiques. Toutefois, les données concernant ces propriétés durant la période intraopératoire restent peu claires. Le but de notre méta-analyse est d’étudier les effets de l’administration per-opératoire de dexmédétomidine dans la chirurgie de l’adulte. Matériel et méthodes : Une recherche orientée de la littérature a été réalisée afin d’identifier les essais cliniques utilisant de la dexmédétomidine en per-opératoire chez l’adulte. Les critères de jugements utilisés étaient la consommation per-opératoire de morphiniques, le délai de réveil (défini par le délai entre l’arrêt des anesthésiques et l’extubation avec réveil complet), l’intensité de la douleur en salle de surveillance postinterventionnelle (SSPI), la consommation de morphiniques en SSPI et la survenue de nausées vomissements post opératoires (NVPO) en SSPI. Les données de chaque étude ont été combinées pour calculer des odds ratios, des différences moyennes (MD) et des différences moyennes standardisées (SMD) avec les intervalles de confiance à 95% (95%CI). L’hétérogénéité des études a été évaluée par le I², et p représente sa significativité. Résultats : Dix huit études contrôlées randomisées ont été inclues. L’administration peropératoire de dexmédétomidine permettait de diminuer : la consommation de morphiniques en per-opératoire (SMD=-1,58 [-2,98- -0,19], I²= 95%, p<0,00001), l’intensité de la douleur en SSPI (SMD=-0,73 [-1,19- -0,27], I²= 62%, p=0,03), la consommation de morphiniques en SSPI (SMD=-2,05 [-2,97- -1,12], I²=83%, p<0,00001) et l’incidence des NVPO en SSPI (OR=0,43 [0,27-0,69], I² =0%, p=0,46). En revanche, nos résultats montrent que la dexmédétomidine ne diminue pas le délai de réveil (SMD=-0,13 [-1,60- 1,34] minutes, I²=95% , p<0,00001). Ces résultats étaient influencés par le régime d’administration de la dexmédétomidine (bolus ou continu +/- bolus), et par le type de chirurgie (chirurgie cardiaque ou neurochirurgie vs autres types de chirurgie). Conclusion : Cette méta-analyse montre que l’administration per-opératoire de dexmédétomidine réduit la consommation de morphiniques, la douleur et l’incidence des NVPO en post-opératoire chez l’adulte. 3 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Introduction: La dexmédétomidine est un agoniste très sélectif des récepteurs α2-adrénergiques qui possède des propriétés hypnotiques et analgésiques. C’est un agoniste 1300 fois plus sélectif que la clonidine [1]. La dexmédétomidine agit sur les récepteurs présynaptiques pour produire une diminution de la libération de norépinéphrine. L’effet sédatif agit sur le locus coeruleus, une des régions cérébrales comprenant la plus grande densité de récepteurs α2. Le locus coeruleus est le centre de vigilance cérébrale, et les propriétés hypnotiques et sédatives des agonistes adrénergiques centraux lui sont attribuées. Bien que les propriétés analgésiques de la dexmédétomidine soient moins bien connues, on sait que le locus coeruleus est aussi le site d’origine de la voie spinale descendante noradrénergique, voie importante pour la modulation des neurotransmissions nociceptives. Une part de la propriété antalgique est donc d’origine supra-spinale [2]. La corne dorsale de la moelle épinière est également pourvue de récepteurs α2 stimulés par la dexmédétomidine *3+. Sur le plan pharmacocinétique, sa clairance est de 39L/h et sa demi-vie d’élimination est de 2 heures. C’est un composé fortement lié aux protéines plasmatiques et qui est métabolisé par le foie en un composé inactif [4]. La dexmédétomidine est très étudiée pour un usage en réanimation [5,6] car elle offrirait un certain nombre d’avantages par rapport aux autres agents sédatifs. Tout d’abord du fait de son effet analgésique, aussi parce qu’elle permet une sédation légère à modérée permettant un réveil plus prévisible et une coopération du patient pour les soins, et enfin grâce à la diminution de l’incidence du délirium. Contrairement à beaucoup d’agents sédatifs, la dexmédétomidine n’induit pas de dépression respiratoire. Les principaux effets secondaires sont la bradycardie et l’hypotension *7,8+. Sur le plan rénal, la dexmédétomidine induit une stimulation de la diurèse et de la natriurèse. L’insuffisance rénale n’est pas une restriction d’utilisation. La seule précaution d’emploi à respecter est la diminution des doses chez les insuffisants hépatiques. La monographie pour l’utilisation en réanimation recommande actuellement une dose de charge facultative pouvant aller jusqu’à 1 microgramme/kg sur 10 à 20 minutes suivie d’une 4 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). perfusion continue de 0,2 à 0,7 microgramme/kg/h [9]. Cependant, l'administration d'un bolus tend à disparaitre, car elle serait responsable de bradycardies. Le coût moyen de la dexmédétomidine est plus élevé que les autres agents sédatifs. Mais pour son utilisation en réanimation, des études ont montré que le coût global par patient était inférieur chez les patients traités par dexmédétomidine du fait de la diminution de la durée de ventilation artificielle et de l’incidence moindre du délirium [10]. La dexmédétomidine possède des propriétés qui diffèrent des autres agents sédatifs agissant sur les récepteurs GABA-A comme le propofol ou le midazolam [11,12]. Dans 3 essais prospectifs contrôlés randomisés, il a été montré la non infériorité de la dexmédétomidine comparée au midazolam, propofol et lorazepam [13,14]. Une récente revue de la littérature de la Cochrane parue en 2015 a montré que l'utilisation de la dexmédétomidine pour la sédation en réanimation réduisait la durée de ventilation mécanique ainsi que la durée de séjour en réanimation [15]. En dehors de l’utilisation en réanimation, la dexmédétomidine serait également utile en anesthésie et a été administrée dans de nombreuses situations cliniques d’anesthésie, avec ou sans morphinique, en sédation ou en complément d’anesthésie générale, chez l’adulte ou l’enfant, donnant lieu à de nombreuses études [16,17]. Dans une étude rétrospective de 1000 patients de chirurgie cardiaque, la dexmédétomidine utilisée en per et post-opératoire a montré une diminution de la mortalité [18]. Néanmoins, la plupart des études sur la dexmédétomidine souffrent de faiblesses méthodologiques (études non randomisées, casereport, petites cohortes…) ce qui empêche de déterminer le réel bénéfice-risque de ce nouvel agent anesthésique. Le but de notre étude était de réaliser une revue systématique de la littérature, et une métaanalyse des études contrôlées randomisées en double aveugle comparant la dexmédétomidine en per-opératoire dans tout type de chirurgie, chez l’adulte, versus placebo. 5 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Matériel et méthodes : Recherche bibliographique et analyse Nous avons conduit une méta-analyse selon les recommandations de la Cochrane pour les revues systématiques de la littérature et selon les déclarations PRISMA [19]. Les bases de données que nous avons utilisées sont Pubmed et Embase. Les mots clés utilisés pour la recherche ont été : dexmédétomidine et per-opératoire. Les études animales ont été exclues. Nous avons également effectué une recherche de toutes les références des articles sélectionnés, en incluant les méta-analyses et les revues. Les articles obtenus par cette recherche ont été analysés de manière indépendante par 4 anesthésistes, qui devaient retenir les études présentant les critères suivants : essai contrôlé randomisé, étude en double aveugle, essai excluant les patients ayant une pathologie psychiatrique ou une dégradation de l’état de conscience, protocoles d’anesthésie standardisés, protocoles de prise en charge de la douleur standardisés, et au moins un critère de jugement concernant l’analgésie ou la consommation de morphiniques en per ou postopératoire. Ces critères stricts avaient pour but de sélectionner les articles avec le moins de biais méthodologiques. L’article le plus récent était de juin 2014. Les lecteurs jugeaient de la qualité des articles et extrayaient les données. Les critères de qualité étaient : randomisation et répartition transparente (une description claire et détaillée de la méthode utilisée était exigée afin de déterminer si la répartition pouvait être prédite ou réalisée après l’inclusion) ; études en double aveugle ; gestion des données manquantes ; analyse en intention de traiter ; exclusion des études avec données manquantes concernant les critères de jugements. Les données extraites de chaque article étaient: le statut ASA, l’âge des patients, le type de chirurgie, la prémédication éventuelle (dose et mode d’administration), l’administration de dexmédétomidine (dose, séquence d’administration (bolus, administration continue)), les agents hypnotiques utilisés, l’analgésie per-opératoire. Les critères de jugement analysés étaient : la consommation per-opératoire de morphiniques, le délai de réveil (défini par le délai entre l’arrêt de l’anesthésie et l’extubation), la douleur en SSPI (selon des scores de douleur ou pourcentage de patient se 6 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). plaignant de douleur modérée à sévère), la consommation de morphiniques en SSPI (morphine) et les nausées et vomissements en SSPI (pourcentage de patients). Lorsque des résultats discordants étaient retrouvés, l’article était relu par les deux anesthésistes en désaccord. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été effectuées avec le Review Manager 5 software (RevMan 5, The Cochrane Collaboration, Oxford, United Kingdom). Lorsque les données originelles étaient exprimées en variables continues, la méta-analyse a été réalisée en utilisant la différence moyenne (mean difference - MD) ou la différence moyenne standardisée (SMD). Cette méthode autorise le rassemblement de critères de jugement utilisant différentes échelles. Dans tous les autres cas, l’analyse de l’incidence du critère de jugement était réalisée en utilisant des odds ratio (OR) calculés selon la méthode de Mantel-Haenszel. Dans le but d’inclure le maximum d’études appropriées, les données incomplètes étaient gérées en contactant les auteurs correspondants ou en estimant la moyenne et déviation standard par rapport à un échantillon ou la médiane et les ranges selon la méthode décrite par Hozo SP and collaborators [20]. L’absence de méthode validée pour convertir les médianes et les interquartiles range en moyennes, nous ont conduit à rejeter toutes les données exprimées ainsi. Dans les articles où les critères de jugement étaient exprimés en variables continues, des rapports de moyenne partiellement standardisés étaient calculés pour chaque étude puis transformés en odds ratio utilisant la formule de Chinn (LnOR = 1,814 x SMR) [21]. Les données étaient entrées en logarithme d’OR ou en déviation standard dans le logiciel. Par la suite, les différences moyennes standardisées (SDM) et leurs intervalles de confiances à 95% étaient calculés en utilisant la méthode de la variance inverse. L’hétérogénéité était estimée en utilisant le I². Cela permet de savoir si les études sont suffisamment homogènes entre elles pour être combinées. Selon les recommandations de la revue Cochrane, un I² > 40% et un p<0,1 sont considérés comme des seuils d’hétérogénéité trop importants et indiquent l’effet du hasard dans les calculs d’odds ratio ou des différences moyennes standardisées. Dans le modèle à effet aléatoire toutes les études sont pondérées de manière équivalente alors que dans le modèle à effet fixé, chaque étude est pondérée en fonction du nombre de 7 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). patients inclus. Le poids donné à chaque étude est donc différent selon le nombre de patient de l’étude. Par ailleurs, des analyses en sous-groupes pour l’efficacité de la dexmédétomidine ont été réalisées lorsqu’au moins deux études avaient le même critère de jugement, selon le type d’administration (bolus ou continu +/- bolus) et le type de chirurgie (cardiaque et neurochirurgie vs autres chirurgies). Dans les études avec plus de deux bras, chaque bras a été considéré comme une étude à part entière et comparée au groupe contrôle. Des méthodes statistiques sont disponibles pour prendre en compte le poids d’études non publiées sur les résultats de la méta-analyse, pour éviter le biais de publication. Cela correspond aux Funnel plot, qui, lorsqu’ils sont asymétriques peuvent indiquer que des études n’ont peut être pas été publiées à cause de leurs résultats négatifs. Cette asymétrie peut aussi rendre compte de l’hétérogénéité des résultats, ou de la faiblesse méthodologique des études inclues [22,23]. Certaines études, de part leur design spécifique, peuvent conduire à des résultats très positifs qui peuvent provoquer des asymétries des Funnel plots et être interprétées comme des biais de publication. Les biais méthodologiques de certaines études peuvent aussi conduire à des résultats très positifs menant à une asymétrie du Funnel plot [22,24]. Selon les recommandations de la Cochrane, les biais de publication peuvent être mis en évidence à partir de 10 études. Les résultats sont exprimés en odds ratio (OR), différence moyenne (MD), différence moyenne standardisée (SMD) avec un intervalle de confiance à 95%. L’hétérogénéité des études a été évaluée par le I², et p représente sa significativité. 8 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Résultats : En utilisant les critères de sélection, 672 articles ont été identifiés. L’analyse de ces articles a permis de sélectionner 73 études contrôlées randomisées. Parmi ces études, 55 ont été retirées pour les raisons suivantes : 1/ études concernant uniquement les effets hémodynamiques de la dexmédétomidine en per-opératoire, 2/ groupe contrôle différent d’un placebo, 3/ administration de la dexmédétomidine en péri-opératoire et non en peropératoire, 4/ études pédiatriques. Les analyses ont donc été réalisées avec 18 articles. Il n’y a pas eu de différence entre les informations collectées par les investigateurs, et aucune deuxième analyse n’a été nécessaire. Le flow chart est présenté ci-dessous en figure 1 et le détail des études incluent est en table 1 (cf annexes). Figure 1 : 9 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). 815 patients ont reçu de la dexmédétomidine, et 440 ont reçu le placebo. Les résultats montrent que la dexmédétomidine administrée en per-opératoire permet de diminuer : 1/ la consommation de morphiniques en per-opératoire (SMD = -1,58 [-2,98,-0,19], I² = 95%, p<0.00001 ; Figure 2), 2/ la douleur pendant la prise en charge en SSPI (SMD = -0,73 [-1,19, 0,27], I² = 62%, p= 0,03, Figure 3), 3/ la consommation de morphiniques en SSPI (SMD = -2,05 [-2,97, -1,12], I² = 83%, p< 0,00001, Figure 4) , 4/ l’incidence des NVPO en SSPI (OR= 0,43 [0,27, 0,69], I² = 0%, p = 0,46, Figure 5). Par ailleurs, nos résultats montrent que la dexmédétomidine ne diminue pas le délai de réveil (SMD= -0,13 [-1,60, 1,34] minutes, I² = 95%, p < 0,00001 ; Figure 6). Figure 2 : Forest plot des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine sur la consommation peropératoire en morphiniques. Le carré devant chaque étude (1er auteur et année de publication) correspond à la différence moyenne standardisée pour chaque étude et la ligne horizontale représente l’intervalle de confiance à 95%. Le losange de la dernière ligne correspond à la différence moyenne standardisée avec l’intervalle de confiance à 95%. (La table 1 regroupe les critères détaillés de chaque étude) 10 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Figure 3 : Forest plot des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine sur l’intensité de la douleur en SSPI. Le carré devant chaque étude (1er auteur et année de publication) correspond à la différence moyenne standardisée pour chaque étude et la ligne horizontale représente l’intervalle de confiance à 95%. Le losange de la dernière ligne correspond à la différence moyenne standardisée avec l’intervalle de confiance à 95%. (La table 1 regroupe les critères détaillés de chaque étude) Figure 4 : A/ Forest plot des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine sur la consommation postopératoire de morphiniques en SSPI. Le carré devant chaque étude (1er auteur et année de publication) correspond à la différence moyenne standardisée pour chaque étude et la ligne horizontale représente l’intervalle de confiance à 95%. Le losange de la dernière ligne correspond à la différence moyenne standardisée avec l’intervalle de confiance à 95%. (La table 1 regroupe les critères détaillés de chaque étude) 11 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). B/ Funnel plot ayant pour objet de retrouver un biais de publication concernant la consommation de morphiniques en SSPI dans la méta-analyse. Figure 5 : A/ Forest plot des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine sur l’incidence post-opératoire des NVPO. Le carré devant chaque étude (1er auteur et année de publication) correspond à la différence moyenne standardisée pour chaque étude et la ligne horizontale représente l’intervalle de confiance à 95%. Le losange de la dernière ligne correspond à la différence moyenne standardisée avec l’intervalle de confiance à 95%. (La table 1 regroupe les critères détaillés de chaque étude) 12 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). B/ Funnel plot ayant pour objet de rechercher les biais de publication concernant l’incidence des NVPO dans la méta-analyse. Figure 6 : A/ Forest plot des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine sur le délai de réveil. Le carré devant chaque étude (1er auteur et année de publication) correspond à la différence moyenne standardisée pour chaque étude et la ligne horizontale représente l’intervalle de confiance à 95%. Le losange de la dernière ligne correspond à la différence moyenne standardisée avec l’intervalle de confiance à 95%. (La table 1 regroupe les critères détaillés de chaque étude) 13 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). B/ Funnel plot ayant pour objet de rechercher les biais de publication concernant le délai de réveil dans la méta-analyse. Les biais de publication ont été explorés pour les 3 critères de jugements suivant : la consommation de morphiniques en SSPI, le délai de réveil, et les NVPO. Aucun biais de publication n’a été retrouvé pour les NVPO et le délai de réveil. Un biais de publication a en revanche été retrouvé concernant la diminution de consommation de morphiniques en SSPI. Mais lorsque l’on exclu l’étude en chirurgie cardiaque de Khalil et al, les résultats restent significatifs (SMD= -1.64 [-2.31,-0.97], I²=66%, p=0 .002), et le biais de publication disparaît. Du fait de l’hétérogénéité des résultats, des analyses en sous-groupes ont été réalisées. Les résultats sont disponibles dans le tableau 2. Lorsque l’on prend en compte les études avec bolus seul par rapport à celles en administration continue avec ou sans bolus préalable, l’incidence des NVPO est identique, et le délai de réveil a été retrouvé allongé de manière significative dans le groupe dexmédétomidine, mais sans grande pertinence clinique (1min d’allongement). De nombreuses analyses en sous-groupes n’ont pu être réalisées du fait du nombre limité d’études. 14 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Discussion : Cette méta-analyse montre que l’utilisation per-opératoire de dexmédétomidine permet de réduire significativement la consommation de morphiniques en per-opératoire et en SSPI, l’intensité de la douleur en SSPI, l’incidence des NVPO en SSPI, et sans allonger le délai de réveil. Les analyses en sous-groupes réalisées selon le régime d’utilisation de la dexmédétomidine (bolus ou continu +/- bolus) et selon le type de chirurgie (neurochirurgie et chirurgie cardiaque vs autres chirurgies) montrent que les résultats sont influencés par ces facteurs. En ce qui concerne les effets per-opératoire de la dexmédétomidine, on retrouve une diminution de la consommation de morphiniques. Les analyses en sous-groupes selon le type de chirurgie ne retrouve pas de différence entre le groupe dexmédétomidine et le groupe placebo. Ce résultat intriguant peut être expliqué par la très importante hétérogénéité des résultats et par le nombre limité d’études inclues pour l’analyse de ce critère de jugement. La dexmédétomidine n’allonge pas le délai de réveil. En revanche, on retrouve un allongement du délai de réveil lorsque l’on sélectionne les études avec un bolus de dexmédétomidine. Etant donné l’homogénéité de ce sous-groupe analysé en comparaison au sous-groupe avec la dexmédétomidine en continu, on peut raisonnablement penser que la dexmédétomidine allongerait légèrement le délai de réveil, mais sans réelle pertinence clinique. La dexmédétomidine permet une diminution de l’intensité de la douleur en SSPI. Aucune analyse en sous-groupe concernant le type de chirurgie n’a pu être réalisée, et l’analyse en sous-groupe concernant le mode d’administration ne modifie pas les résultats concernant ce critère de jugement. Ces résultats sont cohérents avec un effet analgésique de la dexmédétomidine et un effet rémanent en post-opératoire. Cette hypothèse est aussi corroborée par l’épargne morphinique dans le groupe dexmédétomidine quelque soit le mode d’administration. Néanmoins, cet effet n’a pas été retrouvé dans la population de chirurgie cardiaque et de neurochirurgie. Ceci pouvant s’expliquer par l’intensité de la douleur en post-opératoire de chirurgie cardiaque et par l’absence d’administration postopératoire de la dexmédétomidine. 15 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). La dexmédétomidine, administrée en bolus ou en continue, permet la diminution de l’incidence des NVPO. Cela peut être attribué à l’effet épargne morphinique de la dexmédétomidine, mais on ne peut néanmoins écarter une propriété antiémétique de la dexmédétomidine. Il faut noter que l’administration de bolus, qui est de plus en plus controversé en réanimation de part le risque de survenue d’hypotensions sévères et de bradycardies, a été réalisé en peropératoire sans qu’aucune conséquence hémodynamique n’ait été rapportée. Le but de notre méta-analyse était d'étudier les effets post-opératoires de la dexmédétomidine dans la chirurgie de l’adulte. Par conséquent, toutes les études comparant la dexmédétomidine à un autre produit ont été retirées des analyses. De ce fait, notre étude ne peut conclure sur l’efficacité de la dexmédétomidine comparée aux autres sédatifs comme les benzodiazépines. D’autres études et méta-analyses sont à réaliser sur ce sujet. La qualité d'une méta-analyse repose sur 3 facteurs majeurs. Premièrement, la qualité des études sélectionnées, deuxièmement l’hétérogénéité des résultats, et enfin la détection des biais de publication. Les études inclues dans notre méta-analyse répondent à des critères stricts comme exposés dans la partie matériel et méthodes. Ces critères de sélection permettent de minorer au maximum les biais méthodologiques des études inclues dans notre analyse. La stratégie méthodologique appliquée pour cette revue prend en compte l’hétérogénéité des études. Les analyses en sous-groupes ont été réalisées afin de diminuer cette hétérogénéité et d’identifier les facteurs influençant les résultats. Ce but est partiellement atteint pour certains critères de jugements (la consommation de morphiniques en SSPI, le délai de réveil). Cependant, certains critères de jugements ont un haut degré d’hétérogénéité et doivent donc être interprétés avec précaution. Grâce aux Funnel plot, on a mis en évidence un biais de publication concernant la consommation de morphiniques en SSPI, mais qui est probablement lié au type de chirurgie puisqu’en retirant l’étude en chirurgie cardiaque, ce biais de publication disparaît. Cela peut être expliqué par le niveau de douleur bien supérieur en post-opératoire de chirurgie cardiaque, entrainant une hétérogénéité dans la population étudiée. En conclusion, les résultats de cette méta-analyse montrent un effet analgésique de la dexmédétomidine en per-opératoire et en post-opératoire, sans effet sur la durée de réveil. D’autres études doivent s’intéresser à la dose optimale pour obtenir ces effets sans 16 conséquences hémodynamiques et à la comparaison de la dexmédétomidine par rapport à [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). d'autres molécules. 17 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Annexes : Table 1 : Caractéristiques des études incluent dans la méta-analyse. (p.19) NR : non renseigné DA : double aveugle RC : randomisée contrôlée Pour tous ces points méthodologiques, le + indique la présence de ce critère, le – indique son absence. Chaque sous-groupe constitue une ligne à part entière. 18 19 20 20 27 30 25 25 25 16 20 Aantaa R, 1990 Aantaa R, 1997 Bayram A, 2011 Bekker A, 2013 Candiotti KA, 2010 Guler G, 2005 Gurbet A, 2006 Khalil MA, 2012 Kida K, 2008 Kim YS, 2013 Lee YYS, 2007 Liu C, 2012 Mazanikov M, 2013 Ohtani N, 2011 Ozkose Z, 2004 Tanskanen PE, 2006 Tufanogullari B, 2008 Turan G, 2008 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 35-65 Hysterectomie Chirurugie ophtalmologique Chirurgie ambulatoire mineure 20-60 18-65 18-75 Exerèse de tumeur supra-tentorielle Hernie discale Chirurgie abdominale CPRE et echoendoscopie Laryngoscopie valium non non non non non non zoplicone midazolam non atropine non non non non non penthotal + fentanyl + isoflurane penthotal + fentanyl propofol + sevoflurane + péridurale propofol + alfentanil propofol + remifentanil propofol + fentanyl + Isoflurane propofol + desflurane 1 µg/kg propofol + sevoflurane + ALR non 1 µg/kg 1 µg/kg 1 µg/kg 0,5 µg/kg 0,25 µg/kg 1 µg/kg 0,4 µg/kg 1 µg/kg 0,75 µg/kg 0,5 µg/kg non 1 µg/kg 0,5 µg/kg 0,5 µg/kg 1 µg/kg non 1 µg/kg 150 µg/h 75 µg/h 0,5 µg/kg etomidate + fentanyl penthotal + fentanyl + sevoflurane penthotal + fentanyl + sevoflurane ALR propofol + fentanyl pentothal + fentanyl penthotal + alfentanil penthotal Prémédication Protocole d'anesthésie Bolus Dex 0,4 μg/kg/h 0,2 μg/kg/h 1 μg/kg/h 0,7 μg/kg/h non 0,4 μg/kg/h non 0,4 μg/kg/h 0,5μg/kg/h 0,5 μg/kg/h non 0,6 μg/kg/h 0,6 μg/kg/h 0,5 μg/kg/h 1 μg/kg/h 120 μg/h 60 μg/h non Perfusion continue Dex 20 20 20 20 20 RC +, DA+ I-III 18-75 RC +, DA+ II-III 18-65 Neurochirurgie Chirurgie bariatrique non midazolam penthotal + fentanyl + isoflurane propofol + desflurane 0,5 µg/kg non non 0,4 μg/kg/h 0,2 μg/kg/h 0,8 μg/kg/h NR 20-65 I-II I-II Hystérectomie 18-75 Chirurgie vitro-rétinienne 18-60 18-50 Chirurgie gynécologique I-III 34-65 I-II I-II I-II I-II ND 18-75 Pontage aorto-coronaire I-II I-III 40-75 >18 I-III 18-70 Arthrodèse rachidienne Néphrolithotomie percutannée Hystérectomie Dilatation et curetage Intervention 20 RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ 31-55 18-55 ND 18-65 I-II I ASA Age RC +, DA+ I-IV RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ RC +, DA+ Qualité* 0,2 μg/kg/h 18 20 16 25 20 30 30 15 25 25 30 63 27 20 16 20 Placebo (N) 17 18 20 20 20 30 30 30 30 15 134 129 17 17 Dex (N) Auteur, année Référence de l'étude [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). délai d'extubation, HTA à l'extubation Délai d'extubation, durée de séjour en SSPI, EVA en SSPI, NVPO, consommation de fentanyl en SSPI dose de penthotal, concentration d'isoflurane, consommation de fentanyl per-opératoire, consommation post-opératoire d'oxycodone délai d'extubation, NVPO, EVA en SSPI, recours à la morphine en SSPI MAC sévoflurane, utilisation PCEA consommation de propofol, sédation, satisfaction du patient, NVPO, EVA en SSPI NVPO, consommation d'antalgiques non morphinique pression intra-occulaire, consommation de propofol, MAC isoflurane délai d'extubation, frisson, consommation postopératoire de morphine NVPO, EVA en SSPI consommation per-opératoire de fentanyl, consommation post-opératoire de morphine, NVPO, prurit délai d'extubation, consommation per-opératoire de fentanyl, consommation post-opératoire de morphine, durée de séjour en SSPI toux à l'extubation, délai d'extubation consommation per-opératoire de midazolam, NVPO, satisfaction du patient consommation per-opératoire de fentanyl, NVPO, marqueurs plasmatiques de stress clairance de la créatinine post opératoire, durée d'anesthésie MAC isoflurane dose de penthotal à l'induction, dose totale de penthotal, délai de réveil Critère de jugement étudié [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Table 2 : Analyse en sous-groupes des effets de l’administration peropératoire de dexmédétomidine selon le régime d’administration et selon le type de chirurgie. Les données sont exprimées en odds ratio (OR), en différence moyenne (MD) ou en différence moyenne standardisée (SMD) avec un intervalle de confiance à 95%, I² avec un p. 20 [desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (by-‐nc-‐sa). Bibliographie : 1. Antaa R et al. Drugs of the future 1993 ;18 :49-56 2. Hunter JC, Fontana DJ, Hedley LR: Assessment of the role of alpha2-adrenoreceptor subtypes in the antinociceptive, sedative and hypothermic action of dexmédétomidine in transgenic mice. Br J Pharmacol 1997;122:1339-44 3. Kuraishi Y, Hirota N, SatoY: Noradrenergic inhibition of the release of substance P from the primary afferents in the rabbit spinal dorsal horn. Brain Res 1985; 359:177-82 4. 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