Expliquer un texte à la lumière de l`explication du texte de PASCAL

Expliquer un texte à la lumière de l'explication du texte de PASCAL
C)
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Expliquer un texte à la lumière de l'explication du texte de PASCAL
1)
L'explication de texte : un réel dialogue avec le texte.
Expliquer un texte c'est d'abord dialoguer avec ce texte.
a)
Avertissement.
Le dialogue est hélas une tarte à la crème i qu'à toute occasion aiment à servir par
exemple les apôtres du dialogue social et qu'ils ont réussi à vider de son sens et
de sa valeur. Mais ici l'emploi du mot dialogue est à prendre au sérieux en raison
de son statut de critère de notation des copies.
b)
Le dialogue avec le texte : un dialogue serré et donc permanent.
« Serrer la côte, la terre » c'est « naviguer aussi près que possible de terre »
(TLFi). Serrer le texte c'est refuser tout ce qui peut éloigner de son écoute
première et fondamentale comme condition de son explication, en commençant
par refuser les documents où le lecteur, avant de succomber, ne manque jamais
d'être tenté de fuir les difficultés que présente spontanément le texte à son esprit.
Par conséquent en explication de texte le dialogue avec le texte se doit d'être
permanent.
c)
Le dialogue avec le texte : un dialogue avec le texte tout entier et non pas
seulement avec une partie du texte.
La raison en est simple : dialoguer avec le texte impose de ne pas faire comme si
le texte se réduisait à l'une de ses parties sans voir que, dans le fonctionnement
d'un texte, toute partie du texte ne fonctionne que dans sa relation aux autres
parties du texte qui lui sont substantiellement unies.
d)
Dialoguer avec un texte présuppose qu'un texte ne soit pas perçu comme
une chose inanimée, comme un objet privé de vie, mais comme un sujet qui
s'inscrit dans une activité de langage : l'activité de langage de ce sujet n'est
autre que le texte lui-même qui coïncide ainsi avec une forme de vie.
En faisant d'un texte un objet d'étude, on tend malheureusement à chosifier ce le
texte étudié. En considérant qu'un texte est une forme de vie, à savoir la vie d'un
sujet dans la mesure où il écrit et s'inscrit du même coup dans son écriture, il est
possible de ne plus traiter un texte comme un objet mais comme un sujet inscrit
dans son discours, c'est-à-dire dans son emploi et mise en action du système de la
langue dans laquelle il écrit et donc qu'il façonne. Le système de la langue est
toujours le matériau de l'activité de langage qu'est le texte. Un texte est toujours
ce qu'un sujet fait et est seul à faire du système de la langue qu'il emploie et met
en action. En tant qu'un texte, par sa nature, conteste nécessairement le statut
d'objet auquel on veut l'assigner, il est déjà un interlocuteur pour celui qui le lit et
plus encore pour celui qui veut l'expliquer : il est la présence d'un autre qui parle
au lecteur et au commentateur.
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e)
(suit
e)
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Un texte est un interlocuteur pour son lecteur et commentateur et au
baccalauréat le texte est l'unique interlocuteur du candidat durant
l'examen.
Ce qui se vérifie aisément au moment de la correction des copies d'examen :
quand un candidat se rapporte à un document qui n'est pas le texte et commence
de dialoguer avec ce document en se détournant du texte qui doit être son seul
interlocuteur et en donnant l'impression d'avoir adopté ainsi un autre
interlocuteur, la copie est immédiatement sanctionnée pour s'être égarée loin du
dialogue serré (cf.a)) avec le texte.
Dans la mesure où, pour un candidat au baccalauréat ayant choisi l'explication de
texte, le texte est l'unique interlocuteur de ce candidat, il est donc manifeste que
ce candidat n'est jamais seul pour réussir son explication de texte puisque le texte
lui-même est l'interlocuteur auquel il va poser des questions et demander des
réponses.
f)
Mais à quoi reconnaît-on qu'un texte est un interlocuteur pour le lecteur qui
désire l'expliquer ? (Cf. copie d'élève)
Pour répondre à cette question, il suffit de se pencher sur la copie de l'élève ayant
expliqué le texte de Pascal et d'y remarquer d'abord ce que l'on a pris soin de
surligner en jaune, à savoir des questions qui de façon manifeste structurent la
totalité de la rédaction au propre.
Entre les questions posées et à la suite de chacune d'elle on peut lire une réponse
donnée à la question qui introduit cette réponse.
Il est encore facile de remarquer que les questions participent d'un mouvement
logique et progressif où l'on voit la question précédente s'approfondir et se
préciser par le moyen de la question qui la suit et à laquelle il est répondu.
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f)
Si l'on compare maintenant la copie de l'élève au texte suivant d' Épictète on ne
manquera pas de remarquer que l'exposé par Épictète de sa propre pensée
(suit s'accomplit lui aussi , comme dans les dialogues platoniciens, sous la forme d'un
e)
jeu alternatif, progressif et logique de questions et de réponses permettant à la
pensée de s'approfondir.
« Voyons, repassons les points acquis. L'homme qui n’est soumis à aucune
entrave est libre, lui qui a toutes choses sous la main, à son gré. Mais celui que
l'on peut entraver ou contraindre, à qui l'on peut faire obstacle, celui que l'on
peut, malgré lui, jeter dans quelque difficulté, celui-là est esclave. Et quel est
l'homme qui est affranchi de toute entrave ? Celui qui ne désire rien de ce qui lui
est étranger. Et quelles choses nous sont étrangères ? Celles qu'il ne dépend de
nous ni d'avoir, ni de n'avoir pas, ni d'avoir avec telles ou telles qualités, ou en
telles conditions. Donc le corps nous est étranger, ses membres nous sont
étrangers, la fortune nous est étrangère. Si, par conséquent, tu t'attaches à
quelqu'une de ces choses comme à un objet personnel, tu recevras le châtiment
que mérite celui qui désire ce qui lui est étranger. Telle est la route qui conduit à
la liberté ; la seule qui délivre de l'esclavage : c'est de pouvoir dire un jour avec
toute son âme :
Dirige-moi, ô Zeus, et toi, ô Destinée,
Vers le but que jadis vous m'avez assigné1. »
ÉPICTÈTE (50 – 125 ou 130) / Entretiens / Livre IV /128-131 / Collection TEL /
Gallimard, 1993 / p. 297.
Remarquons que la rédaction au propre est un jeu alternatif de questions et de
réponses qui structurent toute cette rédaction et qui attestent de ce que cette
rédaction est le résultat d'une recherche méthodique préalable qui s'est faite lors
de la prise de notes que certains appellent « le brouillon » d'un nom qui
dévalorise hélas ce qu'ils nomment ainsi par opposition à l'expression « rédaction
au propre ». Mais cette appellation de « brouillon » est bien injuste car la prise de
notes est en réalité la mise en œuvre d'un jeu organisé de questions et de réponses
qui correspondent à la recherche menée par le candidat pour préparer l'exact
contenu et l'exacte progression de sa rédaction au propre.
En bref lorsqu'une rédaction au propre est réussie, l'essentiel de sa note, elle le
doit entièrement à sa prise de notes : comment alors peut-on se présenter au
baccalauréat et ignorer cette évidence pour qui connaît la finalité de l'épreuve ?
Or à qui l'élève demande-t-il une réponse à ses questions sinon au texte lui-même
qui est au fond l'interlocuteur auquel il s'adresse, celui qu'il interroge afin de
l'expliquer ? Et où encore l'élève trouve-t-il une réponse aux questions qu'il pose
au texte sinon dans le texte lui-même ? Bref le texte apparaît avec le statut d'un
interlocuteur que l'on écoute, que l'on interroge et qui répond aux questions qui
1. Vers extraits de l'hymne à Zeus écrit par le philosophe grec stoïcien Cléanthe (-331, -232).
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lui sont posées. Ce n'est pas en lui-même et dans un monologue intérieur que
l'élève trouve ses questions et ses réponses mais dans l'écoute d'une voix qui est
(suit celle du texte et qu'il interroge et qui lui répond. Le texte donc bien un véritable
e)
interlocuteur, quelqu'un que l'on écoute, que l'on interroge et qui répond.
Con On s'est attaché jusqu'à maintenant à définir comme un véritable critère de
clus notation le fait de dialoguer avec un texte lorsqu'il s'agit de l'expliquer. Il importe
ion maintenant de préciser le lieu précis d'où naissent les questions et les réponses
qui vont structurer la prise de notes avant de se projeter dans la rédaction au
propre. Ce lieu est ce que l'on appelle l'exploitation du texte.
2)
L'explication de texte : un réel dialogue avec le texte qui ne peut s'accomplir que
selon une modalité fondamentale, à savoir l'exploitation permanente, précise et
rigoureuse du texte.
a)
Définition générale de ce que l'on entend ici par « exploitation du texte ».
Exploiter un texte ce n'est pas rapporter ce que dit l'auteur de ce texte, ce n'est
pas redire ce qu'il dit (cette erreur est ce que l'on nomme une paraphrase et
consiste le plus souvent à substituer aux mots du texte des termes synonymes et à
croire de ce fait qu'on est en train de l'expliquer), mais c'est décrire ce qu'il fait en
disant ce qu'il dit, par exemple en employant tel mot ou plusieurs mots formant
un groupe plus ou moins étendu (phrase, proposition, expression, etc.).
De même décrire les évolutions d'un danseur ce n'est pas refaire ce qu'a fait le
danseur mais c'est décrire ses évolutions, les figures accomplies et leur
enchaînement. Il en va d’un texte comme d’un mouvement qu’on verrait faire à
un danseur et que l’on demanderait à des spectateurs de décrire.
Si l’un des spectateurs se lève pour uniquement refaire ce mouvement de
danse tel qu’il l’a vu danser, ce n’est pas à une description de ce mouvement que
se livre ce spectateur mais à un geste purement imitatif où ce mouvement est
purement et simplement copié.
Si un autre spectateur se lève à son tour et entreprend de refaire le
mouvement du danseur, mais cette fois-ci en décomposant les étapes de ce
mouvement et en accompagnant cette décomposition de remarques s’attachant à
décrire en quoi consiste chacune de ces étapes et comment elles s’articulent entre
elles dans le geste continu de la danse, alors, dans ce cas , le mouvement du
danseur est réellement décrit et analysé. De façon analogue au mouvement du
danseur, un texte est une activité de parole, autrement dit un geste qui consiste
dans une parole, c’est-à-dire dans l’emploi et la mise en action par un sujet de la
langue entendue comme système de signes.
Conséquence. – Si l’on se contente de refaire ce geste de nature textuelle,
de l’imiter, de le copier, alors on ne fait que paraphraser le texte. Mais si l’on
entreprend une description de ce geste en repérant les mouvements divers et
variés qui s’accomplissent dans le continu de ce geste, alors le texte comme
activité de langage est réellement et finement décrit : c’est uniquement dans ce
cas qu’on peut parler d' EXPLOITATION d’un texte.
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a)
Lorsque donc on exploite un texte, on est toujours en train de se rapporter à un
(sui passage précis de ce texte, ce qui oblige à citer ce passage et à décrire avec
te) précision ce que fait l'auteur en ce passage. Ainsi parvient-on à déterminer le rôle
de ce passage dans le fonctionnement du texte.
Toute référence au texte oblige donc à citer le passage auquel on se réfère et à
exploiter cette citation.
b)
Exercice pour illustrer la notion d'exploitation d'un texte.
Énoncé de l'exercice
Un instituteur se promène dans la cour d’une ferme pédagogique et invite ses
élèves à décrire ce qu’ils voient en leur faisant noter à titre d’exemple la phrase
suivante :
«Un petit canard barbote dans la mare ».
A propos de cette phrase, on se posera donc la question suivante :
Que fait l’auteur de la phrase «Un petit canard barbote dans
la mare » en employant le mot « petit » ?
Réponse à l'exercice
Il emploie un adjectif qualificatif, «petit » qui, dans le contexte peut avoir
plusieurs sens.
Sens 1 :
C’est parce que le canard est perçu comme étant d’une taille inférieure à
une taille moyenne qu’il est qualifié de « petit ».
Cette première signification présuppose un système comparatif dont on ne
sait rien ici. Le canard est-il d’une espèce plus petite par la taille que d’autres
espèces de canard ? Il peut s’agir d’un canard nain. Ou bien s’agit-il d’un jeune
canard, forcément plus petit par rapport aux adultes de la même espèce ? Ou bien
encore est-ce par comparaison à la taille humaine ou à l’environnement (mare,
arbres, etc.) que le canard est qualifié de « petit » ? Impossible ici de le savoir.
Sens 2 :
C’est parce que le canard est perçu comme n'ayant pas atteint sa pleine
croissance, comme étant encore jeune, qu’il est qualifié de « petit ».
Sens 3 :
C’est parce que le canard est l’objet d’un regard affectueux qu’il est
qualifié de « petit ».
Ces trois sens peuvent se mêler dans l’emploi ici du mot « petit » : aucun ne doit
donc être écarté. La phrase reste ouverte à l’une ou l’autre de ces trois
interprétations et ne les oppose pas entre elles. On doit donc se garder de décider
pour l’une d’entre elles quand on doit garder la porte ouverte aux trois.
La pluralité des interprétations est autorisée par la phrase elle-même.
Une explication qui nierait cette pluralité de sens serait fausse : on peut et
on doit donc avoir un rapport tout à fait objectif à la phrase étudiée.
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b) En résumé
(suit
En employant le mot « petit », l’auteur de la phrase vise OU BIEN à
e)
souligner que le canard est d’une taille inférieure à la moyenne, soit parce qu’il
appartient à une race de petite taille, soit parce qu’il s’agit d’un jeune canard, soit
parce que sa taille est rapportée à celle plus grande d’objets de son
environnement) OU BIEN (alternative non exclusive) à communiquer le
sentiment affectueux qu’il éprouve envers le canard.
c)
Enseignements tirés de l'exercice précédent
On a cherché à répondre à la question :
Que fait l’auteur de la phrase «Un petit
canard barbote dans la mare » en employant
le mot « petit » ?
On a ainsi décrit ce que faisait l’auteur de cette phrase en employant le mot
« petit ». Une telle description porte le nom d'exploitation de la phrase en
question et plus précisément d'exploitation de l'emploi qu'elle fait du mot
« petit ». Mais dans cette phrase bien d’autres mots sont employés et pourraient à
leur tour faire l’objet d’une exploitation, ce qui augmenterait aisément la
longueur de l'explication dont cette phrase peut être l'objet.
Si l’on avait répondu :
« L’auteur de la phrase dit que le canard qui barbote dans
la mare est petit »,
on aurait fait de la paraphrase, c’est-à-dire que l’on n’aurait rien ajouté à une
simple lecture du texte.
De même on aurait paraphrasé la phrase si l’on avait répondu que « le
petit canard qui barbote dans la mare n’est pas grand », car alors on aurait
substitué au mot « petit » l’expression euphémique « pas grand » en introduisant
dans la phrase étudiée des nuances qui lui sont étrangères. La paraphrase consiste
très souvent à se tromper soi-même en substituant aux mots d’une phrase des
termes synonymes faisant croire bien illusoirement à un travail d’explication.
d)
Le lieu de naissance des questions et des réponses qui structurent le dialogue
avec le texte est l'exploitation du texte.
Il faut être dans une exploitation du texte pour que naissent les questions qui
structurent le dialogue avec le texte et il faut encore être dans une exploitation du
texte pour que naissent les réponses à ces questions.
Au fond l'exploitation constante du texte est la matrice du dialogue avec le texte.
Sans cette exploitation il est impossible au lecteur de serrer le texte et d'inventer
des questions et des réponses pertinentes ainsi que de construire un dialogue
progressant vers le cœur, à dévoiler, du texte : cœur qui est la finalité de
l'explication de texte et qui correspond aux motivations profondes, conscientes
ou non, du sujet qui, en écrivant, s'inscrit dans son texte comme le danseur en
dansant s'inscrit dans sa danse.
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Exemple venant illustrer l'idée de l'exploitation du texte comme matrice du
dialogue avec le texte.
Que fait Pascal en employant le groupe de mots « sans divertissement » (L.3) ?
Réponse faite oralement, à reprendre avant de la mettre par écrit.
f)
Le fil du dialogue avec le texte et le fil du texte.
On appelle fil la suite continue et logiquement articulée des mouvements d'un discours
écrit qui peut être un texte ou un dialogue du lecteur avec ce texte.
En explication de texte, c'est le fil du dialogue avec le texte qui est premièrement à tenir
car il faut et il suffit de tisser le fil du dialogue avec le texte pour dévoiler, décrire et
comprendre le fil du texte.
Le fil du dialogue avec le texte est ce qu'élabore la prise de notes et ce que suit la
rédaction au propre.
Lorsque le fil du dialogue avec le texte peut s'ajuster au fil du texte, alors, et seulement
alors, il est possible, mais pas obligatoire, de se conformer au fil du texte pour rédiger au
propre le dialogue qu'on a eu avec le texte pendant la prise de notes.
CONCLUSION
a)
L'explication de texte
L'explication de texte est un dialogue avec le texte dont la matrice est l'exploitation
permanente du texte et dont la finalité est d'exposer le cœur du texte, autrement dit les
motivations profondes, conscientes ou non, du sujet qui, en écrivant, s'inscrit dans son
texte comme le danseur en dansant s'inscrit dans sa danse.
b)
La dissertation philosophique
Pour répondre à une question de dissertation on ne peut pas faire l'économie d'une
explication de la question posée sous peine de ne pas comprendre les attendus de cette
question. Or une question, comme un texte, est une activité de langage, celle d'un sujet
qui emploie et met en action le système des signes de la langue dans laquelle il écrit sa
question et qui, du même coup, s'inscrit dans sa question comme le danseur en dansant
s'inscrit dans sa danse. Par conséquent une question de dissertation, afin d'être comprise,
s'explique comme on explique un texte.
L'explication d'une question de dissertation consistera donc en un dialogue avec cette
question : ce dialogue aura pour matrice l'exploitation permanente de cette question et
aura pour finalité d'exposer le cœur de cette question, autrement dit les motivations
profondes, conscientes ou non, du sujet qui, en écrivant cette question, s'inscrit en elle
comme le danseur en dansant s'inscrit dans sa danse.
C'est en expliquant ainsi la question que celle-ci se révèle comme un débat
contradictoire à exposer et à résoudre par le moyen constant de cette explication. C'est
pourquoi la réponse à une question de dissertation est tout entière, de façon nécessaire et
constante, une explication de cette question et donc une façon de la comprendre pour
celui qui doit y répondre.
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CONCLUSION (suite et fin)
c)
Explication de texte et dissertation philosophique : deux exercices
inséparables.
Maîtriser l'explication de texte est, comme on vient de le voir, une condition pour
répondre à une question de dissertation et, inversement, maîtriser l'exercice de
dissertation philosophique est une condition pour reconnaître dans un texte tout
ce en quoi il est une réponse à une question de dissertation.
D'autre part il est exclu, en dissertation philosophique comme en explication de
texte, de recourir à un document – de nature textuelle – autre que le texte, ou d'y
faire référence, si ce document n'est pas en même temps l'objet d'un explication
de texte minimale apportant une justification de l'usage de ce document.
d)
La prise de notes en explication de texte comme en dissertation
philosophique
Comme il importe de saisir avec aisance le fil du dialogue à construire avec un
texte ou avec une question de dissertation, il est exclu qu'une prise de notes
écrivant ce dialogue le fasse au verso des feuilles de brouillon qui ne doivent par
conséquent être écrites qu'au recto de chaque feuille dûment numérotée (1/n,
2/n,..., (n-1)/n, n/n).
e)
Comment choisir entre plusieurs sujets ?
Quand on doit choisir entre plusieurs sujets, on choisit le sujet avec lequel on a
envie de dialoguer de façon approfondie.
f)
Bien se rappeler
Ce n'est que par une explication de texte qu'on peut s'approprier tout ce qu'on lit
(texte ou question de dissertation). Une explication de texte est un dialogue avec
ce qu'on lit. Ce dialogue repose sur une double exploitation : exploitation de ce
qu'on est amené à penser soi-même (pour, au cours de ce dialogue, accéder à la
conscience des propos que l'on tient soi-même) et exploitation de ce qu'on lit
(pour s'assurer que c'est bien avec ce qu'on lit que se noue le dialogue et non pas
avec un texte qui n'est écrit nulle part).
g)
Le plan de l'explication de texte comme celui de la dissertation ne se
cherchent pas mais se découvrent.
Le plan de l'explication de texte comme celui de la dissertation ne se cherchent
pas mais se découvrent en faisant pour le texte une explication de celui-ci et pour
la dissertation une explication de texte de la question du sujet. Car une question
de dissertation n'est rien d'autre au fond qu'une explication de texte de cette
question. En comprenant de mieux en mieux la question posée, on approfondit du
même coup la réponse à cette question.
h)
Questions finales pour jeter le trouble dans les esprits.
Quelle est la grande faiblesse de la copie non retouchée par l'enseignant ?
La copie quelque peu retouchée échappe-t-elle vraiment à cette faiblesse ?
Notes de fin
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i«
TARTE À LA CRÈME :
Expression française signifiant un lieu commun, une formule rebattue, vidée de son sens
pour avoir été répétée à tout propos.
Cette expression française a pour origine le jeu du corbillon de l'époque de Molière où il
était question de citer le maximum de mots se terminant pas "on" comme corbillon.
L'expression française citée ci-dessus a vu le jour dans des pièces de Molière comme "
L'école des femmes" où on vante les mérites de la femme ignorante du code des jeux de société.
Cette expression française est reprise par Molière dans la "Critique de l'école des
femmes"où le fait de répéter inlassablement et comiquement cette expression française lui donne
un aspect stérile et c'est cette allusion de formule creuse qui lui a donné son sens contemporain.
Depuis ce temps, "tarte à la crème" est devenu le symbole des lieux communs les plus
éculés mais le sens de l'expression française évoquant les batailles burlesques où ce gâteau sert de
projectile n'est plus utilisé. » (http://www.expressions-francaises.fr/expressions-t/670-tarte-a-lacreme.html)
« Molière, L’ École des femmes (1662)
Représentée en 1662 au Palais-Royal, L’ École des femmes traite des mœurs du temps.
Molière aborde les problèmes du mariage bourgeois, de l’éducation des filles et du conflit entre les
générations.
Arnolphe, homme mûr obsédé par la crainte du cocuage, croit avoir trouvé un moyen
infaillible de s’assurer de la fidélité de sa future femme. Il a recueilli Agnès, alors qu’elle n’était
qu’une enfant, et il l’a élevée dans l’ignorance. Se préparant à épouser Agnès, Arnolphe expose à
son ami Chrysalde son point de vue sur le mariage.
ARNOLPHE
Épouser une sotte est pour n’être point sot (1)
Je crois, en bon chrétien, votre moitié (2) fort sage ;
Mais une femme habile est un mauvais présage
Et je sais ce qu’il coûte à de certaines gens
Pour avoir pris les leurs avec trop de talents.
Moi, j’irais me charger d’une spirituelle (3)
Qui ne parlerait rien que cercle (4) et que ruelle (5),
Qui de prose et de vers ferait de doux écrits,
Et que visiteraient marquis et beaux esprits,
Tandis que, sous le nom du mari de Madame,
Je serais comme un saint que pas un ne réclame (6)?
Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut ;
Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut.
Je prétends que la mienne, en clartés (7) peu sublime,
Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ;
Et s’il faut qu’avec elle on joue au corbillon (8)
Et qu’on vienne à lui dire à son tour : « Qu’y met-on ? »
Je veux qu’elle réponde : « Une tarte à la crème » ;
En un mot, qu’elle soit d’une ignorance extrême ;
Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler,
De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.
Molière (1622-1673), L’ École des femmes,
acte I, scène 1, v. 82 à 102, 1662
Notes de fin
10
10 /
1. sot : cocu.
2. votre moitié : votre épouse.
3. une spirituelle : femme qui se consacre exclusivement à des activités intellectuelles.
4. cercle : assemblée d’hommes et de femmes où l’on parle de sujets artistiques, d’actualité.
5. ruelle : partie de la chambre à coucher, alcôve où l’on tient une conversation mondaine.
6. réclame : invoque.
7. clartés : culture, connaissances.
8. corbillon : petite corbeille ; jeu de société, où l’on doit répondre par un nom rimant en « on », à la
question « que met-on dans mon corbillon » ?
(http://www.images.hachette-livre.fr/media/contenuNumerique/029/2201920190.pdf)