La République Populaire de Chine : sociétés, territoires, environnement L’ascension économique et l’affirmation politique de la Chine sur la scène internationale fascinent, surprennent, inquiètent aussi. La République Populaire de Chine, espace immense par sa taille et sa population, connaît des transformations sociales et territoriales considérables suite à l’ouverture économique et aux réformes initiées depuis 1978. Elle fait face à de considérables défis géopolitiques, socio-démographiques, territoriaux, urbains et environnementaux. Le programme proposé pour la session 2016 aura pour périmètre l’étude des territoires de la République Populaire de Chine, en incluant Hong-Kong et Macao mais en excluant Taïwan. Il comprend les relations de la Chine avec son espace régional et avec les autres régions du monde, notamment via le rôle de la diaspora, dans la mesure où la projection et l’affirmation extérieure du pays ne sont pas déconnectées de ses défis intérieurs. L’étude de cet espace permet d’aborder cinq principaux enjeux géographiques, chacun étant connecté aux autres. Une puissance régionale et mondiale. Cœur de la nouvelle division internationale du travail, profitant à plein des dynamiques de mondialisation, la Chine s’impose comme un acteur régional et mondial. Depuis son adhésion à l’OMC en 2001, elle est devenue une superpuissance économique qui cherche à élargir et à diversifier ses marchés. Elle possède des réserves de change colossales, qui lui permettent d’asseoir son affirmation politique et stratégique en Asie Orientale et au-delà. Dans ce contexte, la Chine est attentive à sécuriser ses circulations commerciales et conditionner l’accès à ses marchés. En plus de son affirmation économique, elle développe son action diplomatique et ses capacités militaires. Dynamiques des populations et transformations sociales. La Chine est l’Etat le plus peuplé du monde avec 1,35 milliard d’habitants et ses récentes évolutions démographiques, comme par exemple la confirmation du phénomène de vieillissement, prennent d’emblée une dimension considérable. Conjointement, les inégalités de niveau de vie accompagnent les modifications de la structure économique du pays. Les populations de la République Populaire de Chine sont confrontées à une transition urbaine majeure. Les modes d’habiter et les comportements sociaux en matière familiale, éducative, alimentaire, professionnelle, changent à grande vitesse, mais de manière contrastée. Ces transformations suivent et engendrent des formes de mobilité massives des personnes. Ces migrations de la campagne vers les villes et d’une ville à l’autre, sont fortement liées au système d’enregistrement administratif des résidents (hukou) qui conditionne l’accès aux services publics et impose une forte contrainte à l’intégration des migrants ruraux en milieu urbain. Enfin, l’encadrement de la société chinoise par la puissance publique (administration publique et parti) se heurte néanmoins aux revendications de justice et de transparence des populations qui ne se satisfont plus de la simple accession aux biens de consommation modernes. Maîtrise du territoire. L’immensité et le périmètre actuels du territoire chinois sont le résultat de logiques géo-historiques de longue durée dont les étudiants devront avoir conscience. La construction politique et culturelle des territoires et leur maîtrise par un pouvoir centralisé restent des enjeux majeurs dans un pays où les politiques d’aménagement font face à des défis cruciaux. Doter ce pays immense d’infrastructures dans tous les domaines et particulièrement pour les transports et la logistique, l’énergie, l’assainissement, les nouvelles technologies informatiques de communication est devenu une nécessité. L’objectif est aussi de réduire des inégalités territoriales très marquées à toutes les échelles, entre régions pauvres et riches, entre villes et campagnes, entre façades littorales en plein dynamisme économique et espaces des marges enclavées, ou bien au sein des villes entre quartiers riches et zones cumulant les nuisances et les vulnérabilités. L’aménagement des territoires mobilise des ressources financières importantes, qui entretiennent la croissance chinoise. La maîtrise des territoires est également une question de géopolitique interne pour un pays très soucieux de contrôler ses périphéries, notamment à l’ouest et en particulier au contact de l’Asie Centrale. La politique de Pékin dans les territoires des périphéries oscille entre aide au 1/2 développement économique et une colonisation de fait par des populations Han ; elle soulève des enjeux ethniques, culturels et religieux particulièrement vifs. Enfin, malgré la centralisation de l’organisation politique, deux territoires présentent de très fortes particularités héritées de leurs trajectoires historiques originales : Hong-Kong et Macao qui, depuis leur rétrocession à la République Populaire de Chine, forment des Régions administratives spéciales et présentent de très fortes différences dans leur économie, leur société et leur mode d’organisation politique. Urbanisation et modalités de la croissance des villes. Comme de nombreux autres Etats d’Asie, la République Populaire de Chine connaît une croissance urbaine extraordinairement forte. Celle-ci a conduit à l’existence de très grandes métropoles de plus de 10 millions d’habitants ainsi qu’à un très grand nombre d’agglomérations de plus de 5 millions d’habitants. Ces espaces urbains, préférentiellement situés sur le littoral, sont attractifs pour les entreprises, les investissements et les différentes catégories de populations migrantes. Mis en réseau, notamment par les infrastructures numériques qui révolutionnent la circulation de l’information, ils viennent renforcer la puissance industrielle et financière chinoise. Mais l’aménagement durable de ces villes est un enjeu pour le pouvoir qui souhaite contrôler le processus d’urbanisation. Il s’agit de combiner le dynamisme et l’attractivité des métropoles géantes à très forte densité (Beijīng, Shanghai, Guangzhou) avec un maillage du territoire équilibré par des villes de taille inférieure mais bien équipées en services. A l’échelle locale intra-urbaine, ces espaces urbains en profonde transformation sont confrontés à des modes de fonctionnement nouveaux pour la Chine. Les modalités de l’accaparement foncier par les promoteurs, les liens de corruption entre élites politiques et économiques au niveau local nourrissent une conflictualité qui inquiète les autorités chinoises. La croissance très rapide du transport par voitures individuelles, l’organisation et l’extension des réseaux de transport en commun, la réponse à la demande croissante de logements à loyer modérés, la construction d’équipements pour une population en croissance rapide constituent autant de défis. A l’intérieur des villes, la question des disparités sociales et fonctionnelles entre quartiers pourra être abordée tout comme le fossé grandissant entre la tradition et la modernité des quartiers des villes. Défis environnementaux. La métropolisation, l’industrialisation et l’intensification de la production agricole et aquacole ont contribué à fortement dégrader l’état de l’environnement en République Populaire de Chine. Ces dynamiques interviennent sur un territoire aux contrastes physiques et bioclimatiques importants. Les changements environnementaux globaux y trouvent évidemment leur expression. La Chine est, d’abord, directement concernée par le problème du changement climatique global : principal émetteur de gaz à effet de serre, ses choix économiques et énergétiques ont des répercussions au niveau planétaire mais également au niveau local (pollutions locales, risques sanitaires pour les populations). La Chine est également un acteur majeur dans le domaine de la conservation de la biodiversité : dotée d’immenses espaces protégés, souvent situés dans des régions périphériques peuplées de minorités ethniques, elle a une responsabilité au plan international pour la conservation d’espèces et de milieux emblématiques et menacés. Enfin, sous l’impulsion de la croissance économique et démographique, les changements d’utilisation des terres et des ressources sont à la source de plusieurs classes de problèmes d’environnement : dégradation de l’état des fleuves et des cours d’eau (pollutions, aménagements, barrages), problèmes de qualité de l’environnement littoral (prolifération d’algues vertes, urbanisation du trait de côte), transformation des espaces ruraux sous l’effets des pratiques agricoles intensives (érosion des sols agricoles, fragmentation des paysages, déforestation), artificialisation des sols par l’urbanisation. Ces questions d’environnement ne peuvent être étudiées sans les rapprocher des transformations sociales : l’expression publique des inquiétudes au sujet de l’état de l’environnement et des possibles conséquences sanitaires de sa dégradation manifeste des revendications à caractère politique qui visent indirectement le système du parti unique. 2/2
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