document professeur - La physique-chimie en BCPST 1A au lycée

A. Guillerand – BCPST 1 A
Lycée Hoche – Versailles – 2014/2015
Document de cours
Cinétique chimique – Chapitre 2 : Cinétique des systèmes homogènes et fermés – Mécanismes réactionnels
Plan du chapitre :
I. Notion de mécanisme réactionnel et d’actes élémentaires
1. Définitions
2. Propriétés d’un acte élémentaire : molécularité et loi de Van’t Hoff
3. Description microscopique d’un acte élémentaire : aspects énergétiques
II. Simulation de réactions complexes
1. Vitesse de formation d’une espèce définit à partir des vitesses spécifiques
des différents actes élémentaires
2. Réactions parallèles
3. réactions opposés
4. Réactions consécutives
5. Approximations courantes lors de l’étude d’un mécanisme
III. Etablissement d’un mécanisme réactionnel
1. Démarche générale
2. Exemple de l’étude d’une réaction par stades
Notions
Capacités exigibles
Extrait du programme de BCPST 1
Acte élémentaire et molécularité.
Intermédiaires réactionnels ioniques et
radicalaires
Etape cinétiquement déterminante,
approximation
des
états
quasistationnaires, pré-équilibre rapide.
Chemin réactionnel et profil réactionnel
Contrôle thermodynamique et contrôle
cinétique.
Faire la différence entre un bilan
macroscopique et un acte élémentaire.
Retrouver le bilan réactionnel à partir d’un
mécanisme par stades.
Etablir une loi de vitesse à partir d’un
mécanisme.
Repérer un catalyseur dans un mécanisme.
Distinguer intermédiaire réactionnel et état
de transition.
Ce qu’il faut en retenir
Savoir
Définitions : actes élémentaires,
molécularité, intermédiaire réactionnel,
mécanisme par stade, mécanisme en
chaîne
Propriétés et ordre d’un acte élémentaire
(loi de Van’t Hoff)
Notions de chemin réactionnel,
coordonnée de réaction, état de transition
et caractéristiques
Notion de contrôle cinétique et de
contrôle thermodynamique
Approximations : AEQS, AECD,
prééquilibre rapide
Savoir-faire
Savoir exprimer la vitesse de formation
d’une espèce en fonction des vitesses
spécifiques des actes élémentaires.
Trouver la loi cinétique à partir d’un
mécanisme en utilisant les diverses
approximations
Introduction
Nous nous sommes pour l’instant limités à une description macroscopique de la
cinétique des transformations chimiques. Mais une loi cinétique traduit des rencontres
à l’échelle moléculaire. Prenons l’exemple de deux réactions différentes qui possèdent
une équation bilan similaire mais une loi cinétique expérimentale différente :
Equation de réaction
Loi cinétique expérimentale
Ordre global 2 :
ans ordre :
H
r
H r
r
Ainsi, une équation de réaction associée à une transformation chimique ne traduit pas
la réalité microscopique de la transformation. Elle ne permet que de traduire le
principe de la conservation de la matière au cours de la réaction.
En revanche, grâce à la loi cinétique, on peut modéliser la réalité microscopique par
un mécanisme réactionnel.
Cinétique chimique – Chapitre 2 :Mécanismes réactionnels – Document de cours
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A. Guillerand – BCPST 1 A
I.
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Notion de mécanisme réactionnel et d’actes élémentaires
b. Intermédiaires réactionnels
1. Définitions
Définition :
a. Actes élémentaires et mécanismes réactionnels
L’équation d’une transformation chimique, en général, ne représente pas le
déroulement de la réaction à l’échelle moléculaire.
Les intermédiaires sont des espèces qui ne figurant ni parmi les réactifs, ni parmi les
produits d’une réaction, mais sont présent dans le milieu réactionnel pendant le
déroulement de la réaction.
Exemple :
A ne pas confondre avec un catalyseur.
On n’imagine bien que la rencontre simultanée de 13 ions et molécules est infiniment
peu probable !
Remarque : ce sont généralement des espèces peu stables qui possèdent un faible
temps de vie mais que l’on peut détecter voire isoler dans certain cas. Ce sont en
général des espèces ioniques ou radicalaires, ils apparaissent souvent à la suite de
rupture d’une liaison chimiques :
Définition :
-
Rupture homolytique (symétrique) : on forme des radicaux
-
Rupture hétérolytique (dissymétrique) : on forme des ions
Acte élémentaire :
On appelle acte élémentaire une réaction se déroulant au niveau moléculaire en une
seule étape (sans formation d’espèces chimiques intermédiaires)
Mécanisme réactionnel :
On appelle mécanisme réactionnel, la succession d’actes élémentaires dont la
superposition conduit à la transformation macroscopique.
Exemple : hydrolyse du chlorure de tertiobutyle en milieu basique :
Il existe deux types de mécanisme : le mécanisme par stades (ou dit en séquence
ouverte) adapté aux intermédiaires ioniques et le mécanisme en chaîne (ou dit en
séquence fermé) adapté aux intermédiaires radicalaires.
mécanisme :
Bilan :
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c. Mécanisme par stade
d. Mécanisme en chaîne
Définition : mécanisme par stade ou en séquence ouverte
Définition : mécanisme en chaîne ou en séquence fermée
Le passage des réactifs aux produits a lieu grâce à une succession d’actes
élémentaires, renversables ou non, se déroulant toujours dans le même ordre.
Le passage des réactifs aux produits a lieu grâce à une succession d’actes
élémentaires, renversables ou non, dont certains peuvent se répéter indépendamment
des premiers.
Propriété :
Le bilan s’obtient bien en sommant tous les actes élémentaires, sans tenir compte de
leur renversabilité.
Exemple d’application : synthèse radicalaire de HBr :
mécanisme :
Initiation
Exemple : hydrolyse du chlorure de tertiobutyle en milieu basique :
mécanisme :
Propagation (2 et 3)
Inhibition – 3
Terminaiso
n
Bilan :
bilan :
Propriété :
Pour obtenir le bilan principal, on somme les actes élémentaires de la phase de
propagation, sans tenir compte de leur renversabilité.
e. Mécanisme catalytique
Rappel : définition d’un catalyseur
Un catalyseur est une espèce qui accélère une réaction chimique possible
thermodynamiquement sans subir lui-même de modifications permanentes. Il ne
figure pas dans l’équation de la réaction et ne modifie pas l’état d’équilibre du
système.
Propriété :
Il apparait dans le mécanisme : il est consommé par un acte élémentaire pour former
un intermédiaire réactionnel mais est régénéré plus loin.
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2. Propriétés d’un acte élémentaire : molécularité et loi de Van’t Hoff
a. Molécularité
Définition :
On appelle molécularité d’un acte élémentaire, le nombre d’entité participant, en tant
que réactifs, à ce processus.
c. Ordre d’un acte élémentaire : loi de Van’t Hoff
La vitesse d’un acte élémentaire est proportionnelle à la fréquence des chocs efficaces
entre les molécules qui elle-même est proportionnelle à la concentration des molécules
qui se rencontrent.
Exemples d’actes élémentaires et lois d’ordre associées :
Acte élémentaire
Loi d’ordre
Remarque : le déroulement de la réaction est assuré grâce à des évènements de
probabilité importante, or, plus le nombre de participants est élevé, plus la probabilité
d’une rencontre simultanée est faible. La molécularité est donc toujours faible : 1, 2 ou
3 (rare)
b. Nombre stœchiométriques d’un acte élémentaire
Caractéristiques des nombres stœchiométriques d’une équation de réaction :
Ils sont définis à un facteur multiplicatif près, car ils ne servent qu’à traduire la
conservation de la matière.
Caractéristiques des nombres stœchiométriques d’un acte élémentaire
Ils doivent traduire la réalité des chocs au niveau microscopique. Ce sont donc des
nombres entiers immuables.
Propriété de la loi d’ordre d’un acte élémentaire : loi de Van’t Hoff
Pour un acte élémentaire, l’ordre partiel par rapport à chaque réactif est égal à son
nombre stœchiométrique.
L’ordre global du processus est donc égal à sa molécularité.
Remarque : attention, ce n’est pas le cas pour la loi d’ordre macroscopique d’une
réaction chimique
Exemples d’application :
Cette équation ne peut pas être un acte élémentaire : on ne peut pas considérer qu’une
demi-molécule de dioxygène rencontre une molécule de monoxyde d’azote.
Cette équation peut être un acte élémentaire, elle signifierait qu’une molécule de
dioxygène rencontre simultanément.
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3. Description microscopique d’un acte élémentaire : aspects énergétiques
a. Energie potentielle d’interaction entre deux atomes (courbe de
Lennard-Jones)
Des études de mécanique quantique permettent de calculer la valeur de l’énergie
potentielle molaire du système en fonction des deux paramètres ( HH et HD ).
On obtient une surface représentée figure 2.
Les atomes interagissent à distance et on peut définir leur énergie potentielle
d’interaction. Le cas de l’interaction entre deux atomes nous a permis de définir la
liaison covalente.
Figure 2 : Energie potentielle molaire du système H, H, D
– Surface d’énergie potentielle molaire
Remarques :
Figure 1 : courbe de Lennard-Jones
-
Deux états stables représentés par des minima d’énergie potentielle (vallées)
-
Pour passer d’un état stable à un autre (d’une vallée à une autre), on doit franchir
une barrière d’énergie potentielle.
-
Pour
fixée on retrouve la courbe de Lennard-Jones selon
-
Pour
fixée on retrouve la courbe de Lennard-Jones selon
b. Energie potentiel d’interaction entre trois atomes : surface
d’énergie potentielle
Lors d’un acte élémentaire, on rompt des liaisons et/ou on en forme. On va donc
étudier les variations d’énergie potentielle d’un système constitué de trois entités. Le
système choisi aura pour seul intérêt de comprendre les contraintes énergétiques mises
en jeu au cours d’un acte élémentaire. Voici l’acte élémentaire modèle :
L’énergie du système dépend de la position relative des différents atomes, donc de six
coordonnées ! Ce qui est bien entendu impossible à représenter. Nous allons donc
simplifier le système en prenant l’exemple d’une collision frontale. Ainsi l’énergie
potentielle ne dépendra plus que de deux paramètres :
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La représentation de surfaces et leur manipulation ne sont pas très commodes. Ainsi
on peut utiliser une représentation plane à l’aide des courbes de niveau (utilisant le
même principe que celui employé pour les cartes de géographie) : une ligne représente
les couples de valeurs (
) qui confèrent au système la même valeur
d’énergie potentielle molaire. Les zones où les courbes de niveau sont très proches les
unes des autres sont celles où l’énergie potentielle molaire varie le plus (zones de
relief escarpé).
Définition : chemin réactionnel
On appelle chemin réactionnel, le chemin emprunté par l’acte élémentaire. C’est celui
qui correspond à la barrière d’énergie potentielle la plus basse. (le chemin suit la
vallée en passant par le col).
Il est ensuite plus simple de travailler en deux dimensions, on ne s’intéressera plus
donc qu’au seul chemin réactionnel. On va pouvoir ainsi tracer une courbe représenter
l’énergie potentielle molaire du système au cours de l’acte élémentaire suivant le
chemin réactionnel : on trace l’énergie potentielle en fonction d’une coordonnée
appelée coordonnée de réaction.
Définition : coordonnée de réaction
On appelle coordonnée de réaction l’abscisse curviligne le long du chemin
réactionnel.
Figure 3 : Energie potentielle molaire du système H, H,
D – Courbes de niveaux
c. Chemin réactionnel et coordonnée de réaction
L’acte élémentaire consiste à passer de l’état d’équilibre
d’équilibre
:
à l’état
Figure 4 : Energie potentielle molaire en fonction de la coordonnée de réaction
On doit donc passer d’un minimum d’énergie à un autre (« d’une vallée à une autre »),
en franchissant une barrière d’énergie potentielle au cours de l’acte élémentaire (« pas
de tunnel possible »). Il existe une multitude de chemins possibles, celui qui sera
emprunter est appelé le chemin réactionnel.
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d. Etat de transition et énergie d’activation
e. Principe de microréversibilité
Définition : état de transition (ou complexe activé)
L’état correspondant à l’énergie potentielle maximale (notée
transition.
) est appelé état de
i un acte élémentaire peut se dérouler dans l’autre sens, alors le chemin réactionnel
sera parcouru en sens inverse.
Remarques :
-
Il correspond à un arrangement spatial des atomes au cours de la réaction
correspondant à un maximum d’énergie
Il a une durée de vie infiniment petite (de l’ordre de
s) : on ne peut pas
l’isoler
Il n’apparait pas dans le mécanisme : il ne faut donc pas le confondre avec un
intermédiaire réactionnel
Définition : énergie potentielle molaire d’activation
La différence d’énergie potentielle molaire entre l’état de transition et l’état initial
représente l’énergie potentielle molaire d’activation.
cinétique
Définitions :
énergie potentielle molaire de réaction :
thermodynamique
Réactions exothermiques :
: état final plus stable donc la réaction libère de l’énergie
Réactions endothermiques :
: état final plus stable donc la réaction prélève de l’énergie
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Influence d’un catalyseur sur le chemin réactionnel
Un catalyseur agit en changeant le chemin réactionnel de manière à abaisser l’énergie
d’activation. Voyons ceci sur l’exemple de la réaction :
Mécanisme sans catalyseur :
, énergie d’activation :
Mécanisme avec catalyseur :
étape cinétiquement déterminante, énergie d’activation :
énergie d’activation :
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II. Simulation de réactions complexes
1. Vitesse de formation d’une espèce définit à partir des vitesses des
différents actes élémentaires
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Mais les trois actes élémentaires n’ont pas lieu indépendamment les uns des autres. La
vitesse de formation de chaque espèce doit obligatoirement dépendre de chaque acte
élémentaire dans lequel elle apparait. On doit donc sommer les différentes expressions
trouvées pour chaque espèce :
Prenons l’exemple du mécanisme suivant :
Cherchons à exprimer la vitesse de formation de chaque espèce (réactif, intermédiaire
réactionnel et produit) en fonction des vitesses spécifiques de chaque acte élémentaire.
On rappelle la définition de la vitesse de formation d’une espèce :
Si la réaction
Généralisation : on peut généraliser à l’aide de la formule suivante :
avait lieu seule on aurait :
: espèce chimique
: vitesse de la réaction
: nombre de réaction ayant lieu
: coefficient stœchiométrique algébrique de dans la réaction
Si la réaction
Si la réaction
avait lieu seule on aurait :
avait lieu seule on aurait :
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De la même manière, on obtient :
2. Réactions parallèles
a. Détermination de l’évolution des concentrations de toutes les
espèces au cours du temps
tudions le cas de réactions jumelles toutes deux d’ordre 1 :
L’évolution des concentrations est exponentielle, elles varient avec une constante de
temps :
b. Simulation
A
:
,
La mise en équation, en utilisant la formule précédente, permet d’obtenir :
Pour
,
grâce à un logiciel de simulation :
,
, on obtient les graphes suivants
Puisque toutes les réactions sont d’ordre 1, on obtient :
On obtient donc un système de trois équations différentielles à résoudre. L’équation
se résoud de manière classique pour déterminer
:
expression que l’on peut injecter dans l’équation
:
Figure 5 : Simulation dans le cas de réactions jumelles d’ordre 1
Pour deux réactions jumelles, non renversables et ayant les mêmes ordres partiels, la
réaction la plus avancée est toujours celle qui est la plus rapide. On remarque qu’à
chaque instant :
Notion de contrôle cinétique :
La composition du mélange est sous contrôle cinétique : le produit le plus abondant
est celui qui se forme le plus rapidement (indépendamment de sa stabilité).
Croissance exponentielle
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3. Réactions opposées
a. Détermination de l’évolution des concentrations de toutes les
espèces au cours du temps
b. Simulation
Pour
,
,
obtient les graphes suivants grâce à un logiciel de simulation.
, on
Etudions le cas de réactions opposées toutes deux d’ordre 1 :
A
:
,
La mise en équation permet d’obtenir :
Puisque toutes les réactions sont d’ordre 1, on obtient :
Figure 6 : Simulation dans le cas de réactions opposées d’ordre 1
On obtient un système de deux équations différentielles couplées. Pour les résoudre on
doit effectuer un changement de variable en introduisant l’avancement de la réaction
. Après résolution on obtient :
L’évolution des concentrations est exponentielle, elles varient avec une constante de
temps :
Lorsqu’un système est le siège de deux réactions opposées, on observe, quelque soit
l’ordre des réactions, que les réactifs et les produits coexistent dans le milieu
réactionnel, à la fin de la réaction. Le système est donc le siège d’un équilibre
chimique et les concentrations des différentes espèces satisfont à la loi :
Un équilibre chimique est un équilibre dynamique : le système est toujours le siège
des deux réactions opposées, mais les espèces fournies par l’une sont consommées
par l’autre de manière à ce que la composition du système ne varie pas au cours du
temps :
On obtient donc :
La composition du mélange est sous contrôle thermodynamique elle traduit la
stabilité relative des espèces présentes dans le milieu.
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4. Réactions consécutives
b. Simulation
a. Détermination de l’évolution des concentrations de toutes les
espèces au cours du temps
Pour
,
grâce à un logiciel de simulation.
,
, on obtient les graphes suivants
Etudions le cas de deux réactions consécutives toutes deux d’ordre 1 :
A
:
,
La mise en équation permet d’obtenir :
Puisque toutes les réactions sont d’ordre 1, on obtient :
La résolution est plus complexe car l’équation
non constant. Voici les solutions obtenues :
fait apparaître un second membre
Figure 7 : simulation dans le cas de réactions consécutives d’ordre 1
Remarques :
On ne peut pas définir de constante de temps pour l’évolution des concentrations de
et
.
-
Le constituant
est l’intermédiaire réactionnel. La concentration d’un
intermédiaire réactionnel augmente, puis passe par un maximum puis diminue
jusqu’à être nulle à nouveau. Sa vitesse de formation devient donc nulle puis
négative.
-
Malgré le bilan
:
On ne peut donc pas définir de vitesse spécifique de réaction, mais seulement les
vitesses de formations et de disparition des différents constituants. Dans certains cas
on peut faire des approximations pour pouvoir définir une vitesse de réaction.
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c. Cas
Remarques :
 Etude qualitative à partir de l’allure des graphes :
pour
,
,
, on obtient les graphes suivants
grâce à un logiciel de simulation, au début de l’évolution du système (figure 8) et au
cours de l’évolution du système (figure 9).
-
-
décroît avec une constante de temps
, comme
, la constante
de temps est très petite :
a été quasiment entièrement consommé tandis que
n’a presque pas augmenté.
: la réaction
est plus « facile cinétiquement» que la réaction 2
-
donc
s’accumule
se forme très vite mais est consommé très lentement :
-
Après l’initiation de la réaction la concentration en
évolue comme si on
n’avait que
: évolution indépendante de la vitesse de
 Etude quantitative à partir des expressions des concentrations :
Si
, alors sauf pour
On a donc, sauf pour
Figure 8 : Composition du mélange réactionnel au début de l’évolution du système
:
:
Ces deux concentrations varient de manière exponentielle avec une constante de temps
imposée par la réaction
:
 Conclusion
et
ne dépendent quasiment que de l’étape 2 (étape dont la constante est la plus
faible, étape la plus difficile cinétiquement).
Mais ceci n’est pas valable pour des instants proche de .
Figure 9 : Composition du mélange réactionnel au cours de l’évolution du système
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d. Cas
Remarques :
 Etude qualitative à partir de l’allure des graphes :
pour
,
,
, on obtient les graphes suivants
grâce à un logiciel de simulation, au cours de l’évolution du système (figure 10) et
pour des temps proches de l’origine (figure 11).
-
diminue plus lentement
-
: la réaction
-
est plus « difficile cinétiquement» que la réaction 2
donc se forme très difficilement mais est consommé très facilement :
ne s’accumule pas
La concentration en évolue comme si on n’avait que
indépendante de la vitesse de
: évolution
 Etude quantitative à partir des expressions des concentrations :
Si
, alors sauf pour
On a donc, sauf pour
Figure 10 : Composition du mélange réactionnel au cours de l’évolution du système
:
:
Ces deux concentrations varient de manière exponentielle avec une constante de temps
imposée par la réaction
:
 Conclusion
et
ne dépendent quasiment que de l’étape 1 (étape dont la constante est la plus
faible, étape la plus difficile cinétiquement).
Mais ceci n’est pas valable pour des instants proche de .
Figure 11 : Composition du mélange réactionnel au début de l’évolution du système
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5. Approximations courante lors de l’étude d’un mécanisme
a. Approximation de l’étape cinétiquement déterminante
Dans les deux cas la vitesse de formation du produit est déterminée par l’étape dont
la constante de vitesse est la plus faible. C’est cette étape qui impose sont échelle de
temps.
Approximation de l’étape cinétiquement déterminante (AECD) :
i dans une série de réactions successives, l’une des étapes présente une échelle de
temps beaucoup plus grande que celle des autres étapes, cette étape appelée étape
cinétiquement déterminante (ECD), impose sa vitesse aux étapes suivantes et donc
à la réaction globale de formation des produits.
Remarques :
-
Les étapes qui suivent l’ECD ont une vitesse égale à celle de l’ECD : interdiction
de dire qu’elles sont plus rapides ! On dit qu’elles sont plus faciles.
-
Dans l’approximation on parle de l’échelle de temps : on ne peut pas toujours
comparer les constantes spécifiques de vitesse directement ! On compare toujours
des grandeurs de même dimension : dimension temporelle. Cela dépend donc de
l’ordre des réactions.
-
Ordre 1 : en
donc la constante de temps est
Ordre 2 :
en
donc le temps caractéristique est :
b. Approximation de l’état quasi-stationnaire (ou principe de
Bodenstein)
Cette approximation s’applique dans le cas
-
-
Figure 12 : Evolution des vitesses de formation et de disparition des différentes espèces
Approximation de l’état quasi-stationnaire (AEQS)
Soit un intermédiaire réactionnel
formé par une réaction et consommé par un
ensemble d’autres réactions. i l’une de ces réactions est beaucoup plus facile que la
réaction de formation de alors après une période d’induction :
-
est négligeable devant les concentrations des réactifs (début de réaction) et
des produits (fin de réaction)
-
est négligeable devant les vitesses de formation des produits et les
vitesses de disparition des réactifs.
est dit dans un état quasi stationnaire et cela se traduit mathématiquement par :
.
La constante de formation de est beaucoup plus faible que sa constante de
disparition. Donc la concentration de cet intermédiaire réactionnel reste très
inférieure aux autres concentrations (sauf pour
et ).
La figure 12 représente l’évolution des vitesses de formation ou de disparition des
espèces : on observe que :
est négligeable devant les autres vitesses sauf
pour
.
Remarque : ne jamais dire que la vitesse de formation ou de disparition de
nulle ! i elle l’était il n’y aurait pas de réaction.
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est
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c. Approximation du pré-équilibre rapide
Cette approximation pourra s’utiliser quand un équilibre précède des actes
élémentaires successifs et si cet équilibre a le temps de s’établir : donc s’il est
« rapide ».
Approximation du pré-équilibre rapide :
Si une étape est renversable et que les vitesses des étapes dans le sens direct et
indirect sont très grandes devant les vitesses des autres étapes, on pourra considérer
que l’équilibre thermodynamique pour cette étape est atteint à chaque instant. Par
conséquent on pourra écrire :
que les vitesses dans les sens direct et indirect sont égales :
que les concentrations des espèces intervenant dans cet équilibre vérifient à chaque
instant la loi de Guldberg et Waage associée à cette étape :
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III. Etablissement d’un mécanisme réactionnel
1. Méthode
Etablissement de la loi cinétique :
Loi de Van’t Hoff pour chaque étape :
Première étape : étude expérimentale
-
Analyse du mélange en fin de réaction (produits majoritaires, produits
secondaires, …)
Analyse en temps réel : identification des intermédiaires réactionnels
Détermination de la loi de vitesse expérimentale
-
Deuxième étape : modélisation par un mécanisme
Définition de la vitesse de réaction :
Troisième étape : la loi cinétique trouvée par l’étude du mécanisme doit être
la même que la loi expérimentale
On choisit généralement l’espèce qui apparaît dans le moins d’étape pour définir la
vitesse de réaction. Ici, par exemple :
2. Exemple de l’étude d’une réaction par stades
Nous allons étudier l’exemple de l’hydrolyse du chlorure de tertiobutyle, dont nous
avons déterminé la loi cinétique expérimentale en TP.
Définition des vitesses de formation de chaque espèce du bilan :
Cette étape ne sera absolument pas nécessaire en exercice, on n’exprimera que les
dérivées nécessaires à la résolution
Données :
Bilan :
Bilan énergétique : la réaction est exothermique
Loi cinétique expérimentale :
Mécanisme proposé :
On propose le mécanisme simplifié suivant :
On n’exprime pas la vitesse de formation de l’eau puisque c’est le solvant
Remarque : en toute rigueur la vitesse de réaction ne peut pas être défini car
Votre objectif est de vérifier que moyennement quelques hypothèses, le mécanisme
permet d’obtenir la loi cinétique expérimentale.
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Approximations :
Cette vitesse pourra être définie moyennant des approximations : les intermédiaires
réactionnels
et
sont relativement instables, ils vont donc être consommés
plus facilement qu’ils n’auront été formés, ils ne s’accumulent pas dans le milieu, on
peut leur appliquer l’approximation des états quasi-stationnaires.
AEQS pour
Donc :
:
Ainsi :
En fonction des vitesses des étapes
Conclusion :
AEQS pour
:
En toute rigueur le mécanisme proposé ne permet pas d’obtenir la loi d’ordre 1
proposé. La loi d’ordre 1 se retrouve en effectuant une approximation
supplémentaire.
Hypothèse : étape 2 plus facile que l’étape –1
En fonction des vitesses des étapes
Ainsi :
Ainsi :
Remarque :
On a bien tous les
égaux, donc la vitesse de réaction est bien définie dans le
cadre de ces approximations.
Utilisation des approximations pour déterminer la vitesse de réaction :
La vitesse de réaction ne doit pas faire intervenir les concentrations des espèces
intermédiaires, on va utiliser les AEQS pour exprimer
On retrouve une loi d’ordre 1 par rapport à
l’étape 1 est cinétiquement déterminante.
et
par rapport à
.
,
Remarque :
Expérimentalement on s’est aperçu que le modèle d’ordre 1 n’était valide qu’en
première vue de l’analyse des résultats expérimentaux. En particulier l’écart au
modèle était très important au début de la réaction. En effet il faut se rappeler que
l’approximation de l’AEQ n’est pas valable au début, il y a d’abord une phase
d’initiation ou la concentration en intermédiaires réactionnels augmentent. TOUT
’EXPLIQUE !! (enfin presque…)
+ profil réactionnel
Cinétique chimique – Chapitre 2 :Mécanismes réactionnels – Document de cours
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